Sénégal_Corruption : Lamine Diack condamné à 4 ans de prison, dont 2 ferme

Les avocats de l'ancien patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack ont tout de suite annoncé qu'ils feraient appel de la décision. Et quelle décision ! Leur client, bien qu'il soit ressorti libre de la salle d'audience, a bel et bien été condamné, ce mercredi 16 septembre, à Paris, à 4 ans de prison, dont 2 ferme, pour son implication dans un réseau de corruption voué à cacher des cas de dopage en Russie.
Le Sénégalais de 87 ans a été reconnu coupable de corruption active et passive, ainsi que d'abus de confiance et a été condamné à une amende maximale de 500 000 euros. La peine est à la hauteur de la « gravité des faits de corruption qui vous étaient reprochés », a lancé la présidente de la 32e chambre correctionnelle, Rose-Marie Hunault, qui a jugé qu'il avait « gravement porté atteinte à la lutte contre le dopage » et « violé les règles du jeu de la compétition sportive ».
Dans ce dossier, un autre Diack, Papa Massata, le fils de Lamine, a été bien plus lourdement condamné. Resté à Dakar après son refus de comparaître au procès, il a été condamné à 5 ans de prison ferme et un million d'euros d'amende, et le tribunal a maintenu le mandat d'arrêt à son encontre.
De lourdes condamnations
L'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF, 1999-2015) et son fils de 55 ans, qui dirigeait le marketing à l'IAAF, étaient jugés parmi six protagonistes pour avoir permis de retarder, à partir de fin 2011, des procédures disciplinaires à l'encontre d'athlètes russes soupçonnés de dopage sanguin, dont certains avaient été sacrés aux JO de Londres 2012 (Kirdyapkin 50 kilomètres marche, Zaripova 3 000 mètres steeple), avant d'être déchus pour dopage.
Derrière cette indulgence, un deal rocambolesque, révélé par Lamine Diack lui-même durant l'enquête et confirmé par le tribunal : le renouvellement de contrats de sponsoring et de diffusion de l'IAAF avec la banque d'État russe VTB et la télévision publique RTR, ainsi que des fonds pour financer l'opposition au sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal. Durant le procès, Lamine Diack avait réfuté tout financement politique.
L'ancien patron de l'athlétisme mondial, âgé de 87 ans, a été reconnu coupable de corruption active et passive, ainsi que d'abus de confiance.
Les avocats de l'ancien patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack ont tout de suite annoncé qu'ils feraient appel de la décision. Et quelle décision ! Leur client, bien qu'il soit ressorti libre de la salle d'audience, a bel et bien été condamné, ce mercredi 16 septembre, à Paris, à 4 ans de prison, dont 2 ferme, pour son implication dans un réseau de corruption voué à cacher des cas de dopage en Russie. Le Sénégalais de 87 ans a été reconnu coupable de corruption active et passive, ainsi que d'abus de confiance et a été condamné à une amende maximale de 500 000 euros. La peine est à la hauteur de la « gravité des faits de corruption qui vous étaient reprochés », a lancé la présidente de la 32e chambre correctionnelle, Rose-Marie Hunault, qui a jugé qu'il avait « gravement porté atteinte à la lutte contre le dopage » et « violé les règles du jeu de la compétition sportive ». Dans ce dossier, un autre Diack, Papa Massata, le fils de Lamine, a été bien plus lourdement condamné. Resté à Dakar après son refus de comparaître au procès, il a été condamné à 5 ans de prison ferme et un million d'euros d'amende, et le tribunal a maintenu le mandat d'arrêt à son encontre. Derrière cette indulgence, un deal rocambolesque, révélé par Lamine Diack lui-même durant l'enquête et confirmé par le tribunal : le renouvellement de contrats de sponsoring et de diffusion de l'IAAF avec la banque d'État russe VTB et la télévision publique RTR, ainsi que des fonds pour financer l'opposition au sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal. Durant le procès, Lamine Diack avait réfuté tout financement politique. Les quatre autres acteurs du procès ont tous été condamnés : l'ancien chef de l'antidopage à l'IAAF Gabriel Dollé a écopé de 2 ans avec sursis et 140 000 euros d'amende, tandis que l'avocat Habib Cissé, qui conseillait Lamine Diack, a été condamné à 3 ans de prison, dont 2 avec sursis et 100 000 euros d'amende. Deux responsables russes jugés par défaut, l'ancien président de la fédération nationale d'athlétisme Valentin Balakhnitchev et l'ancien entraîneur Alexeï Melnikov, ont été condamnés respectivement à 3 et 2 ans de prison ferme, avec maintien du mandat d'arrêt à leur encontre. Depuis la Russie, Valentin Balakhnitchev a aussi annoncé son intention de contester le jugement. « Ils m'ont privé de mon droit légal de me défendre, ils ont dit que je ne coopérais pas à l'enquête, ce à quoi je suis catégoriquement en désaccord », a-t-il dit à l'agence Ria Novosti.
Au total, les six prévenus ont aussi été condamnés à verser 10,6 millions d'euros de dommages et intérêts à l'IAAF sur le volet corruption.
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Dopage, chantage et un chèque de 300 000 euros
Mais Lamine Diack et son fils ont aussi été condamnés pour avoir capté des sommes indues sur des contrats de l'IAAF avec des sponsors. Sur ce volet, ils ont été condamnés à payer 5,2 millions d'euros à la fédération internationale.
Durant le procès, Lamine Diack avait concédé avoir donné l'ordre d'étaler les sanctions contre les Russes, une version confirmée par Gabriel Dollé. Mais, pour eux, il en allait de la survie financière de l'IAAF, un argument qui n'a pas convaincu le tribunal.
« À aucun moment vous n'avez remis en cause cette décision », a lancé la présidente du tribunal à Lamine Diack.
Le tribunal a considéré que, pour au moins six athlètes russes, les procédures disciplinaires avaient été retardées et que les sportifs avaient dû payer pour bénéficier d'une « protection totale ».
La pièce centrale de l'accusation est un virement de 300 000 euros reçu par la marathonienne Liliya Shobukhova, depuis un compte lié à Papa Massata Diack, en guise de remboursement quand elle a finalement été suspendue en 2014. Une note, retrouvée chez l'avocat Habib Cissé, décline d'autres sommes, pour un total évalué par le tribunal à 3,2 millions d'euros, mais l'argent n'a pas été retrouvé et les athlètes russes n'ont pas été entendus, ce que la défense avait dénoncé.
Les avocats de Lamine Diack avaient réclamé la relaxe, mais espéraient surtout que leur client évite la prison. Dans l'immédiat, Lamine Diack n'en a pas fini avec la justice française. Avec son fils, il est mis en cause dans une seconde enquête à Paris sur des soupçons de corruption dans l'attribution des JO de Rio 2016 et de Tokyo 2020. Lamine Diack sera bientôt entendu dans ce dossier.
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Source originale: https://www.lepoint.fr/afrique/corruption-lamine-diack-condamne-a-quatre-ans-de-prison-dont-deux-ferme-16-09-2020-2392316_3826.php#